Par Nadine Wahab, Sustainable Network Egypt (SNE)
Dans le labyrinthe des négociations du traité sur les plastiques, une créature prospère : l’INFINF — l’« informel-informel ». Derrière des portes closes, lors de réunions officieuses, des passages clés du texte se façonnent à l’abri des regards. On présente cela comme efficace ; en réalité, c’est une exclusion délibérée. Les petites délégations — souvent issues du Sud global — ne peuvent tout simplement pas être présentes dans toutes les salles à la fois, laissant des dispositions cruciales réécrites sans qu’elles puissent faire entendre leur voix.
Mais l’INFINF n’est que le symptôme d’un problème plus profond : un processus décisionnel qui donne un pouvoir de paralysie aux États les plus obstructionnistes. Comme pour la CCNUCC, le CNI repose sur le consensus, ce qui signifie qu’une seule délégation peut prendre l’ensemble du processus en otage. Nous avons déjà vu ce scénario — des années perdues, des ambitions réduites à néant, une confiance érodée — le tout sous couvert d’une prise de décision « inclusive ».
Le rôle du président était de concevoir un processus capable de répondre au mandat de l’ANUE : un traité couvrant l’intégralité du cycle de vie des plastiques, avec des mesures sur la production, une transition juste et un mécanisme financier robuste. Au lieu de cela, la direction s’est appuyée sur des espaces informels et a évité les choix procéduraux difficiles nécessaires pour surmonter les blocages. L’ANUE doit également partager la responsabilité d’avoir permis un cadre qui reproduit les erreurs de la CCNUCC.
Oui, le lobbying industriel est un problème — le secteur pétrochimique est omniprésent dans les couloirs — mais il en va de même pour les délégations des pays développés, qui ont bloqué l’accord sur le mécanisme financier et la transition juste. L’obstruction est partagée, tandis que les communautés les plus touchées par la pollution plastique en supporteront les coûts.
Il incombe au président de naviguer entre ces tensions, de protéger l’intégrité du processus et de veiller à ce que chaque délégation — quelle que soit sa taille ou sa puissance — ait une voix équitable dans l’élaboration du traité. Le leadership ne consiste pas seulement à gérer les négociations, mais à empêcher activement que les déséquilibres ne deviennent des injustices. Sans cela, le processus restera biaisé en faveur des plus bruyants et des plus riches, et la promesse d’un traité sur les plastiques qui serve toutes les nations s’évanouira.
FIN.